Venezuela
Il est facile de constater que le monde est bien dominé
par une idéologie ultralibérale, quasi planétaire. Le cas du Venezuela est révélateur
du point de vue de l’interprétation à distance et de ce qu’on voit de près. Nous
avons affaire à une seule version,
celle qui correspond aux plus puissants, qui ont, disons-le, “le prestige de la
parole” du pouvoir économique, une classe supérieure qui se croit vraiment supérieure
et qui souhaite récupérer le pouvoir coûte qui coûte. Elle peut parler, hurler,
insulter, dénigrer les “gens sans droit à la parole”. Il s’agit bien d’une domination
symbolique presque totalitaire qui neutralise toute capacité de réaction, qui
soumet des populations entières aux mêmes paradigmes et laisse obsolètes
les institutions démocratiques (surtout à la droite qui n’a jamais respecté les
résultats émis par le Conseil national électoral de ce pays) C’est justement de
cela qu’il s’agit au Venezuela. Le projet “Chávez” a pendant quatorze ans essayé
de redonner le prestige aux institutions en plein recul face à la
dépolitisation de la société, il a mené une lutte contre le “mépris des classes
populaires” en créant les espaces pour une démocratie directe, au travers des Conseils
communaux, des Assemblées populaires et des pôles dits patriotiques,
de façon à faire circuler le pouvoir en imprégnant de son soutien les plus
importants: les démunis. Sa mort a
été un scandale, puisque non attendue, puisque sa seule personne représentait
une sorte de figure totémique, devenue à la fin un “excès de leadership” qui
n’a pas permis de façonner une structure de véritable parti politique comme il aurait
fallu. L’alternance politique traditionnelle n’a pas eu lieu car ce
projet bolivarien prenait encore son essor, en fin, la grille de lecture et la
compréhension des faciès de ce procès n’a jamais bougé d’un poil, sauf à de rares
exceptions. Elle se balade entre le stéréotype du dictateur latino-américain et
celui du caudillo dans la lignée d’un Général Peron, on a pris la partie (le
fait que Hugo Chávez soit militaire, sa position anticapitaliste, que d’autres pays
suivent, tels la Bolivie, l’Equateur, l’Argentine etc…) pour le tout, et cela
n’a fait que renforcer les préjugés d’une opinion publique qui est sous
l’emprise de l’idéologie ultralibérale, l’opportunisme politique (il est facile
de critiquer le Venezuela) et cette “étrange dictature” comme l’a appelé
Viviane Forester, de la logique de marché. Avec un extraordinaire esprit de
synthèse on a réduit tout a une pseudo-dictature où les élections ne seraient qu’une
image de façade pour légitimer le pouvoir, les intérêts malfaisants d’une minorité,
bien que les images de la mort de son leader aient montré le contraire, bien
que les élections -avec 250 observateurs internationaux, parmi lesquels
la fondations Carter- se sont passées en toute transparence, en dépit de la
systématique méfiance d’une opposition qui n’a fait que semer le trouble, la
peur, l’insécurité, par caprice ou par mépris des classes populaires. Oui, il y
a plein de défaillances, de conflits et des choses encore a réviser dans ce
projet bolivarien, mais le Venezuela et le seul pays a avoir entamé une
véritable dialectique au sein du pouvoir avec une grande partie de sa population,
que les “Misions” ne sont pas, comme on le prétend, des appareils de propagande
sinon des “ponts” entre le gouvernement et ses citoyens, des “lieux de paroles
et de création de sens”. Ceci dit, ce sont les pauvres qui détiennent le
pouvoir, ce qui insupporte la droite qui se montre intolérante et aveugle, sans
comprendre ce qui se passe dans son propre pays.
Il y a eu des audits pendant et après les élections du 14
avril, tandis que le candidat de la droite menait une campagne féroce, avant et
pendant les élections, pour diaboliser le CNE. La scène finale était déjà
connue, l’opposition dirait qu’il y avait eu fraude, mais personne ne dit mot.
L’hégémonie sur l’information dans les milieux de presse internationale est absolue.
Personne n’a rien dit, ni regretté les dix morts militants chavistes le lendemain,
les actes de vandalisme, les agressions, tout le monde a crié « au loup »
les jours de la querelle au sein de l’Assemblée nationale. Mais ce que personne
ne dit encore, c’est qu’on dénonçait “un coup d’état à l’Assemblée” (sic),
parce que son président refusait de donner la parole à ceux qui ne reconnaissaient
pas le Président élu, car dans cette bataille des mots tout pèse: dire que
Nicolas Maduro « est illégitime », que « l’opposition a gagné
les élections », veut dire, “il n’y pas de Président”, donc, prenons le
pouvoir et donnons-le à Henrique Capriles. Tout simplement. Tout se joue sur le
plan de la communication. La droite, voire, extrême, dans sa façon de
s’exprimer, de manipuler l’opinion publique, se montre puissante, elle profite
de la fragilisation du pouvoir des chavistes, de ses failles, elle existe à
travers ces failles, mais elle n’a rien à proposer si ce n’est de revenir au
passé, pulvériser la coopération latino-américaine (la xénophobie est au jour),
marcher sur les renforcement des liens entre les pays du continent qui sont
plus que jamais convaincus qu’il détiennent; avec ses populations sorties
des cavernes, ses destins. Combien de temps peut résister ce gouvernement ce lynchage
médiatique? On ne saurait dire, mais il y a une responsabilité historique face
à ce peuple qui ne cesse de se faire en empruntant des valeurs telles
que la solidarité, la dynamique collective, la transparente et le dialogue,
pouvons nous rester indifférents à tout cela?